Aya, trois lettres
qui ensemble résonnent comme un mot doux, au rythme d'un pinceau
trempé dans de l'encre de Chine effleurant du papier de soie pour
écrire 綾 - twill en kanji. Ses parents lui ont donné un prénom
mais aussi la trame de sa personnalité. Ils souhaitaient qu'elle
rapproche, lie, tisse des liens entre les personnes, à la manière
des fils qui se croisent et s'entrecroisent pour former une matière. Une
matière douce, délicate, noble. Je vous présente Aya qui m'a
gentiment ouvert les portes de sa cuisine après quelques mails
échangés et tout ça grâce à Kunihiko, arigatou. Elle a emménagé
il y a tout juste deux semaines et aucun carton à l'horizon, à la
place des imprimés Marimekko en écho, des couteaux dignes d'un
grand chef, de la poterie ontayaki faite main à Hita, la région natale d'Aya. D'ailleurs, elle a grandi avec ses trois soeurs dans la cuisine où leur maman concoctait des mets par milliers, des mochis
dont raffolent tous leurs amis . C'est donc tout naturellement
que naît une passion pour les bons petits plats maison, le
savoir-faire culinaire se transmettant de génération en génération.
Avant de quitter Kyushu, pour aller étudier à Kyoto, Aya note
soigneusement les recettes familiales dans un cahier rempli de
secrets… Et elle va en partager quelques uns avec nous
aujourd'hui. Les marmitons précédemment rencontrés cuisinent selon leur instinct, même si vu d'ici on a plutôt une image
rigoureuse des techniques japonaises. Aya, elle, est perfectionniste, tout
est sous son contrôle à l'aide de petites cuillères au dosage
millimétré, de post-it avec les quantités précisées et les
choses à ne surtout pas oublier, j'ai trouvé ça tellement mignon. Ses gestes sont lents et
précis, ses explications aussi limpides que sa voix, elle manie les aliments et ustensiles avec élégance. Aya a choisi
de nous apprendre à concoter des plats fréquemment retrouvés sur les tables des foyers japonais, le tout avec des
ingrédients que l'on peut aisément acheter en terre française.
Commençons par le
sake no takikomi gohan, qui se traduit littéralement par riz cuit
avec d'autres ingrédients, ici avec du saumon. Plus grossièrement, un riz composé. Traditionnellement, on fait cuire le riz, le poisson et les légumes
dans un donabe, marmite en terre cuite, tous les ingrédients ensemble du
début à la fin pour un subtil mélange des saveurs. Aujourd'hui, la plupart des japonais cuisinent le takikomi
gohan (et le riz en général) dans un ricecooker pour le côté très
commode de la chose, si vous n'en possédez pas une casserole fera
parfaitement l'affaire.
Ingrédients (pour 4 personnes) :
- 400 ml de riz
rond japonais (akita komachi par exemple)
- 3 bonnes poignées
de champignons shimeji
- 1 boîte de mais
- 1 pavé de saumon
- 30ml de shoyu (sauce soja japonaise)
- 37ml de mirin
- 37 ml de sake
- 300ml d'eau
Lavons le riz deux
fois, tout en pressant le riz, on le masse, on le bichonne pour
un grain de riz blanc, rond, heureux et sans amidon. Laissons tremper le riz dans l'eau 10
min ou plus et pendant ce temps préparons la sauce shoyu + mirin + sake. Retirons l'eau du riz. Ajoutons la sauce, les 300ml d'eau,
le mais, les shimeji, et le pavé de saumon, entier. Cuisons le tout
pendant 30 minutes et juste avant de servir mélangeons bien le
tout. Le riz est coloré et parfumé.
Donc vous aurez
compris, on peut ajouter, inter-changer les ingrédients à volonté
selon nos envies, les saisons, les restes au frigo, ect. Il est
par exemple tout à fait possible de faire une version végétalienne.
Les champignons shiitake apportent une touche parfumée, les
carottes un peu de croquant. Ce plat équilibré, complet, peut se
suffire à lui-même mais Aya ne s'arrête pas là.
Au cours d'un même
repas, les japonais aiment varier les modes de cuisson utilisés.
Après une cuisson à l'eau, c'est l'heure de faire sauter (yaki) de
la viande de porc et du gingembre (shoga). Voici la recette du shoga
yaki.
Ingrédients (pour 4 personnes) :
- 200 g de porc en
fines tranches (le dos ou l'épaule)
- 1/2 gingembre frais
- 1 oignon
- shoyu
- sake
- mirin
- sucre
Au Japon, le
gingembre s'achète frais, on le conserve au réfrigérateur, son
arôme est plus délicat que sa version séchée. On le retrouve dans
toute bonne épicerie asiatique. Eminçons les tranches de porc.
Râpons le gingembre (avec la peau si il est bio) au dessus d'un
papier essuie-tout. Arrosons la viande avec le jus de gingembre en
pressant les morceaux de gingembre emballés dans le papier. Ajoutons
2/3 d'une cuillère à soupe de sake ainsi qu'1/2 cuillère à soupe
de shoyu. Mélangeons le tout et le reserver pendant au moins 30
minutes le temps que les saveurs s'imprègnent. Coupons l'oignon en
tranche de 5mm. Mélangeons 2 cuillères à soupe de shoyu, 2 càs de
mirin, et 1 càs de sake, 1 càs de sucre, les morceaux de gingembre
râpés (après avoir extrait le jus). Faisons sauter l'oignon dans
de l'huile puis les réserver. Hop, au tour du porc de passer à la
poêle, faire griller de chaque côté, puis ajoutons
la sauce, mélangeons, ajoutons les oignons. Le tout à
grand feu, puis 3 minutes à feu doux. Préparons une petite salade
de crudités à côté pour équilibrer le tout. Laitue, tomate ou choux, tout ce que vous voulez tant que que c'est frais.
Riz, légumes, viande, il ne manque plus que l'incontournable soupe miso.
Ingrédients (pour 4 personnes):
- 2 petits
champignons shiitake frais
- 4 pincées de
dashi en poudre
- algues wakame
- abura-age, tofu fris en fine tranches (à
acheter congelé)
- mugi miso (miso d'orge, très doux) ou miso
blanc (plus facile à trouver en France et moins salé que le miso rouge)
- ciboule
Faisons bouillir de
l'eau, ajoutons les fines lamelles de shiitake, le dashi. Ensuite, les
algues wakame et le tofu. Après 3 minutes, retirons la casserole du
feu pour y ajouter le miso (3 ou 4 cuillères à soupe selon les goûts) puis remettre sur feu doux, quelques minutes. Servons et ajoutons la ciboule finement
émincée.
Pour la couleur et
la fraicheur, préparons un petite salade composée de poivrons verts
émincés, de thon cuit émietté, arrosons de shoyu, et c'est
tout !
Dressons les mets
concoctés dans de petits plats qui
viendront prendre place sur un ôbon, plateau en bois ou en laque.
Le traditionnel teishoku est en général composé d'un plat
principal, d'un bol de riz, d'une soupe miso, de crudités ou de
tsukemono. Au pays nippon, la vue est aussi importante que le goût et la variété en petite quantité est gage d'une bonne santé. A déguster avec un bon genmaicha, thé vert japonais avec des grains de riz grillés.
Ca m'a l'air d'être bien bon tout ça hihi !
RépondreSupprimerCa a l'air sympa comme tout par ici... Ces recettes tombent à pic, je pars justement au Japon au mois d'août..
RépondreSupprimerOhhh la chance, j'y suis restée trois mois en mode auto-stop-couchsurfing-camping et c'était un régal. Profites bien!
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