PORTRAITS D'ARTISANS


Ça fait longtemps qu'on n'a pas voyagé ensemble à la découverte d'un pays, de ses habitants, de sa culture et de ses bons petits plats, vous ne trouvez pas? J'ai ouvert ce blog il y a plus de trois ans lors d'un voyage au Japon et je suis tombée amoureuse de ce pays. Pour la beauté de chaque petit détail, pour la sensibilité et l'émerveillement à chaque saison de l'année, pour l’énergie si spéciale de ses forêts. J'y suis retournée trois mois cet été et je vous emmène avec moi, loin des grandes villes et des sites touristiques, sur la petite et rurale île d'Awaji où le temps file doucement, à la rencontre de Chinatsu et Kenichi. Après des années à Tokyo, le couple est (re)venu vivre sur cette île paisible, en quête de sens. Kenichi était libraire et graphic designer, Chinatsu chef et food stylist (ouiiii la nourriture était absolument délicieuse et joliment présentée dans des céramiques toutes plus belles les unes que les autres) (c'était tellement bon que j'en ai oublié de prendre des photos...). Aujourd'hui, ils vivent à la campagne où ils ont donné naissance à un beau jardin en terrasses où les lits de culture forment un heureux mélange avec les herbes folles et la forêt environnante. Ils cultivent différents riz, des plantes aromatiques et médicinales, des légumes mais aussi la beauté dans leur quotidien et tout autour d'eux.






D'une créativité et d'une patience admirable, China chan sait faire tellement de choses de ses mains, elle créée des bouquets aromatiques, un brin sauvages et plein de fraicheur avec les herbes et fleurs du jardin. Elle confectionne également de jolies tresses de sweet grass et des bundles de sauge blanche sacrée, une plante qui signifie beaucoup pour eux. On en brûlait tous les matins lors de la méditation afin de purifier l'espace, écouter notre corps, ouvrir notre cœur, accueillir nos émotions puis les laisser repartir.
Ken san capture aussi bien l'essence et l'arôme des plantes en les distillant qu'un moment plein de grâce avec son œil aiguisé et son appareil photo. Ses clichés resplendissent d'une lumière qui invite à la quiétude. Je vous invite d'ailleurs à visiter leur site internet wind for mind qui regorge de petits trésors aromatiques.
Kenichi et Chinatsu m'ont accueilli dans leur maison, leur jardin, leur quotidien. Ils sont ma famille, mes amis et mes enseignants, sur les plantes oui mais surtout sur la vie. Je n'ai pas de mots pour décrire à quel point ces trois semaines furent merveilleuses. Je vous laisse donc avec quelques photos de la vie à la ferme et une des nombreuses recettes que Chinatsu a partagé avec moi.




   Sirop fermenté aux agrumes japonais 
   Shin ama natsu, les nouvelles oranges sucrées de l'été

- 1kg de shin ama natsu, agrumes sucrés de l'été de l'île d'Awaji (ici en hiver, on peut très bien utiliser des clémentines corses, des citrons de Menton, des bergamotes de Calabre...)
- 1,1 kg de sucre (quantité donnée dans toutes les recettes de koso syrup mais Chinatsu utilise beaucoup moins de sucre car elle conserve le sirop moins longtemps) `
 - thym citronné et origan (ou une autre herbe aromatique selon votre goût et la saison)

Laver et couper les agrumes en rondelles. Dans un grand bocal en verre, étaler une première couche de sucre, puis une seconde couche d'agrumes, des herbes aromatiques et continuer à superposer les différentes couches (sucre- agrumes - herbes) jusqu'à ce que le bocal soit rempli, en finissant avec un belle couche de sucre qui recouvre les fruits. Fermer le bocal.
Laisser fermenter 10 à 15 jours, selon la température. Mélanger tous les jours (au début) avec les mains ou une cuillère en bois (éviter tout ustensile en métal). Les agrumes vont rendre leur jus, le mélange réduit de volume dans le bocal, la fermentation opère grâce au sucre.
Filtrer, mettre en bouteille, à déguster dans les deux mois (ou un plus longtemps si conservé au réfrigérateur). On peut le siroter simplement avec de l'eau pétillante (c'est délicieux, désaltérant et ça décuple l'effet fizzy !) ou dans la confection d'une jelly (les japonais en sont friands, j'ai aimé et même adoré pour la première fois ce dessert gélatineux fait avec amour par China chan).



Je pourrai aussi vous parler des petits matins où l'on grille les tranches de pain moelleux au dessus sur une grille au dessus du feu, lentement avec attention, même si parfois un peu trop brûlées sur les côtés, des balades avec leur si mignon chien Gen chan plein d'énergie, des tortues venues pondre leurs œufs, de la petite forêt de bambous à traverser pour se rendre au jardin, de la chaleur couplée à l'humidité, de la saison des pluies et des inondations, de la beauté et la dangerosité de la Nature, du ciel magnifiquement étoilé, de la mer calme, de leur famille et amis incroyables, des gestes parfois mêlés à de l'anglais japonisé ou inversement, des sourires et des rires, du langage sans paroles et des longues conversations après le diner... Il y a trois choses qui m'a profondément touchée chez Chinatsu et Kenichi, c'est leur patience, leur résilience et leur amour. Ils vivent pleinement la vie qu'ils ont choisi, les journées étaient longues et ils donnaient leur attention et leur énergie dans tout ce qu'ils faisaient. Merci à eux pour leur beauté, leur gentillesse et leur générosité.

Dans la campagne japonaise avec Chinatsu et Kenichi

mercredi 5 décembre 2018



Ça fait longtemps qu'on n'a pas voyagé ensemble à la découverte d'un pays, de ses habitants, de sa culture et de ses bons petits plats, vous ne trouvez pas? J'ai ouvert ce blog il y a plus de trois ans lors d'un voyage au Japon et je suis tombée amoureuse de ce pays. Pour la beauté de chaque petit détail, pour la sensibilité et l'émerveillement à chaque saison de l'année, pour l’énergie si spéciale de ses forêts. J'y suis retournée trois mois cet été et je vous emmène avec moi, loin des grandes villes et des sites touristiques, sur la petite et rurale île d'Awaji où le temps file doucement, à la rencontre de Chinatsu et Kenichi. Après des années à Tokyo, le couple est (re)venu vivre sur cette île paisible, en quête de sens. Kenichi était libraire et graphic designer, Chinatsu chef et food stylist (ouiiii la nourriture était absolument délicieuse et joliment présentée dans des céramiques toutes plus belles les unes que les autres) (c'était tellement bon que j'en ai oublié de prendre des photos...). Aujourd'hui, ils vivent à la campagne où ils ont donné naissance à un beau jardin en terrasses où les lits de culture forment un heureux mélange avec les herbes folles et la forêt environnante. Ils cultivent différents riz, des plantes aromatiques et médicinales, des légumes mais aussi la beauté dans leur quotidien et tout autour d'eux.






D'une créativité et d'une patience admirable, China chan sait faire tellement de choses de ses mains, elle créée des bouquets aromatiques, un brin sauvages et plein de fraicheur avec les herbes et fleurs du jardin. Elle confectionne également de jolies tresses de sweet grass et des bundles de sauge blanche sacrée, une plante qui signifie beaucoup pour eux. On en brûlait tous les matins lors de la méditation afin de purifier l'espace, écouter notre corps, ouvrir notre cœur, accueillir nos émotions puis les laisser repartir.
Ken san capture aussi bien l'essence et l'arôme des plantes en les distillant qu'un moment plein de grâce avec son œil aiguisé et son appareil photo. Ses clichés resplendissent d'une lumière qui invite à la quiétude. Je vous invite d'ailleurs à visiter leur site internet wind for mind qui regorge de petits trésors aromatiques.
Kenichi et Chinatsu m'ont accueilli dans leur maison, leur jardin, leur quotidien. Ils sont ma famille, mes amis et mes enseignants, sur les plantes oui mais surtout sur la vie. Je n'ai pas de mots pour décrire à quel point ces trois semaines furent merveilleuses. Je vous laisse donc avec quelques photos de la vie à la ferme et une des nombreuses recettes que Chinatsu a partagé avec moi.




   Sirop fermenté aux agrumes japonais 
   Shin ama natsu, les nouvelles oranges sucrées de l'été

- 1kg de shin ama natsu, agrumes sucrés de l'été de l'île d'Awaji (ici en hiver, on peut très bien utiliser des clémentines corses, des citrons de Menton, des bergamotes de Calabre...)
- 1,1 kg de sucre (quantité donnée dans toutes les recettes de koso syrup mais Chinatsu utilise beaucoup moins de sucre car elle conserve le sirop moins longtemps) `
 - thym citronné et origan (ou une autre herbe aromatique selon votre goût et la saison)

Laver et couper les agrumes en rondelles. Dans un grand bocal en verre, étaler une première couche de sucre, puis une seconde couche d'agrumes, des herbes aromatiques et continuer à superposer les différentes couches (sucre- agrumes - herbes) jusqu'à ce que le bocal soit rempli, en finissant avec un belle couche de sucre qui recouvre les fruits. Fermer le bocal.
Laisser fermenter 10 à 15 jours, selon la température. Mélanger tous les jours (au début) avec les mains ou une cuillère en bois (éviter tout ustensile en métal). Les agrumes vont rendre leur jus, le mélange réduit de volume dans le bocal, la fermentation opère grâce au sucre.
Filtrer, mettre en bouteille, à déguster dans les deux mois (ou un plus longtemps si conservé au réfrigérateur). On peut le siroter simplement avec de l'eau pétillante (c'est délicieux, désaltérant et ça décuple l'effet fizzy !) ou dans la confection d'une jelly (les japonais en sont friands, j'ai aimé et même adoré pour la première fois ce dessert gélatineux fait avec amour par China chan).



Je pourrai aussi vous parler des petits matins où l'on grille les tranches de pain moelleux au dessus sur une grille au dessus du feu, lentement avec attention, même si parfois un peu trop brûlées sur les côtés, des balades avec leur si mignon chien Gen chan plein d'énergie, des tortues venues pondre leurs œufs, de la petite forêt de bambous à traverser pour se rendre au jardin, de la chaleur couplée à l'humidité, de la saison des pluies et des inondations, de la beauté et la dangerosité de la Nature, du ciel magnifiquement étoilé, de la mer calme, de leur famille et amis incroyables, des gestes parfois mêlés à de l'anglais japonisé ou inversement, des sourires et des rires, du langage sans paroles et des longues conversations après le diner... Il y a trois choses qui m'a profondément touchée chez Chinatsu et Kenichi, c'est leur patience, leur résilience et leur amour. Ils vivent pleinement la vie qu'ils ont choisi, les journées étaient longues et ils donnaient leur attention et leur énergie dans tout ce qu'ils faisaient. Merci à eux pour leur beauté, leur gentillesse et leur générosité.

La rentrée est arrivée et après le rythme ralenti de l'été, me voilà de retour par ici pour vous présenter Charlotte du blog The Fox and The Knife, que certain(e)s d'entres vous connaissent déjà. Son blog est un vrai régal pour les yeux comme pour les papilles avec ses photos ultra soignées de plats colorés à tendance végétale. Beaucoup de recettes me donnent l'eau à la bouche sur la blogosphère et pourtant c'est très rare que je les suive dans ma cuisine… mais celles de Charlotte font exception! Parce qu'elles sont aussi simples que savoureuses, essentiellement composées de légumes (de saison!) avec une petite touche d'originalité qui nous emmène en voyage, on les réalise en deux temps trois mouvements pour un vrai plaisir gustatif. J'étais donc curieuse de savoir qui se cachait derrière The Fox and The Knife et lors de mon séjour bordelais, j'envoie un petit mot à Charlotte lui proposant une rencontre et si elle accepterait que je lui tire son (food) portrait. Elle accepte, youpi ! Tout s'improvise un peu à la dernière minute, entre ses journées passées en famille au bassin d'Arcachon et son voyage au Portugal, elle m'accueille très gentiment chez elle. Et la première chose que je remarque chez Charlotte, avec ses grands yeux bleus et sa peau dorée, c'est sa beauté qui additionnée à sa timidité, en devient encore plus touchante. Elle m'ouvre les portes de son appartement bordelais où un ficus prend de la hauteur sous les plafonds, face à un luminaire en papier washi signé Noguchi transmis de mère en fille, qui lui-même repose à côté d'un tapis berbère artisanal contemporain, un des trésors que Charlotte et sa copine dégotent au Maroc. Ensemble, elles ont fondé la marque maison Menara qui propose de sublimes tapis kilim vintage ou boucherouite, tapis "à franges" tissés avec des chutes de tissus usés. Elles vendent également des pièces uniques qu'elles imaginent, puis fabriquées sur place grâce au savoir-faire marocain; des pochettes transformables en sacs en bandoulière très colorés, faits d'anciens tissus kilim chinés et de cuir local. Une marque qui met à l'honneur l'artisanat du Maroc (c'était tellement beau que j'en ai oublié de prendre des photos, excusez-moi). Charlotte, au sens du goût inné et un peu touche à tout, a pris des cours de céramique et a tournassé ces petites tasses à café très années 50 et modelé le cactus géant jusqu'à leur donner leur émail coloré. Je reste admirative devant ses créations.

Après l'aspect milk décoration de cette rencontre, passons au côté kinfolk, les arts de la table, avec son livre de cuisine dont l'esthétique me rappelle le célèbre magazine. Ce livre n'est pas à vendre mais il n'a pas de prix, c'est un hommage à la cuisine familiale, tout particulièrement à sa grand-mère d'origine alsacienne dont elle réalise les recettes précieusement conservées comme le fameux kougelhopf, la soupe à l'oignon ou encore les crêpes à l'orange. Son père est également un bon cuisinier qui lui a transmis le goût des bonnes choses, tout comme sa mère lui a transmis le goût des belles choses.


J'ai rencontré Charlotte, il y a presque deux mois et sa recette est toujours d'actualité par cet été indien, avec une salade fraîche de tagliatelles de courgettes. Very healthy and very tasty, comme beaucoup des recettes de son blog où les mots « sain » et « équilibre » sont pourtant absents, ses recettes sont « instinctivement » bonnes au goût et bonnes pour la santé. Cette salade qui a du mordant, revient régulièrement sur la table de Charlotte (pourtant la recette est inédite!) avec milles variantes possibles. Ce jour là, Charlotte a une jolie surprise chez son primeur avec des petites courgettes jaunes à côté des vertes, pour encore plus de couleurs et de vitamines. Puis petit tour chez le crémier, pour une savoureuse feta. Charlotte est proche des ingrédients qu'elle utilise, son huile d'olive par exemple est produite par sa belle famille en Corse. Mmmh avec tout ça, ça sent bon la Méditerranée et n'oublions pas le basilic pour encore plus de soleil dans l'assiette. On a de quoi prolonger l'été durant ce mois de rentrée.

Salade fraîche de tagliatelles de courgettes (pour 2 personnes)

- 3 petites courgettes (2 jaunes et 1 verte)
- 1 demi oignon rouge
- une belle poignée de basilic
- le jus d'un citron
- 2 cuillères à soupe d'huile d'olive
- un demi bloc de feta
- une poignée de graines de tournesol torréfiées
- sel de Guérande, poivre au moulin et une pincée de piment d'Espelette

Dans un saladier, verser l'huile d'olive et le jus d'un citron fraîchement pressé. Saler, poiver et pimenter d'Espelette. Ajouter l'oignon rouge finement haché. À l'aide d'un économe, faire des tagliatelles de courgettes dans la longueur et lorsqu'il ne reste plus que les pépins, garder le reste de courgette pour un wok ou une soupe. Les ajouter dans le saladier ainsi que la féta coupée en petits morceaux. Ciseler le basilic par dessus le tout, bien mélanger et laisser les saveurs s'imprégner, les tagliatelles s'attendrir légèrement pendant 30 minutes au réfrigérateur. Pendant ce temps, torréfier les graines de tournesol dans une poêle. Les ajouter, bien remuer, servir, savourer.

Variantes: Cette salade est déclinable à l'infini en fonction de votre appétit et de vos fonds de placard. Charlotte propose de rajouter de la graine de couscous ou des lentilles pour plus de consistance, de remplacer les grains de tournesol par des pignons de pins ou la féta par de la mozzarella.

Cette recette savoureuse est juste parfaite pour faire manger et apprécier des courgettes (crues!) (et jaunes!) à n'importe quel enfant, petit ou grand, qui fait la grimace rien qu'en entendant « légume vert ». D'ailleurs si vous n'avez pas encore cliqué, je vous invite grandement à visiter le blog The Fox and The Knife rempli de recettes qui donnent toutes plus envie les unes que les autres. Internet nous permet de s'informer, de voyager, de s'inspirer, de se détendre, de s'émerveiller, de réfléchir, et puis parfois comme là avec Charlotte de faire de très jolies rencontres. Je suis un peu gênée de mes photos qui à vrai dire ne sont pas du tout à la hauteur de la réalité, j'espère que vous pourrez tout de même découvrir un peu plus Charlotte et son univers qui correspondent tout à fait à son blog. Et il n'y avait même pas une pièce avec tout un bazar caché, non, non, tout était réellement parfait. Un grand merci à Charlotte pour tout. J'ai hâte de vous présenter de nouvelles personnes qui fabriquent des merveilles avec leurs petites mains.


À table avec Charlotte du blog The Fox and The Knife

dimanche 11 septembre 2016


La rentrée est arrivée et après le rythme ralenti de l'été, me voilà de retour par ici pour vous présenter Charlotte du blog The Fox and The Knife, que certain(e)s d'entres vous connaissent déjà. Son blog est un vrai régal pour les yeux comme pour les papilles avec ses photos ultra soignées de plats colorés à tendance végétale. Beaucoup de recettes me donnent l'eau à la bouche sur la blogosphère et pourtant c'est très rare que je les suive dans ma cuisine… mais celles de Charlotte font exception! Parce qu'elles sont aussi simples que savoureuses, essentiellement composées de légumes (de saison!) avec une petite touche d'originalité qui nous emmène en voyage, on les réalise en deux temps trois mouvements pour un vrai plaisir gustatif. J'étais donc curieuse de savoir qui se cachait derrière The Fox and The Knife et lors de mon séjour bordelais, j'envoie un petit mot à Charlotte lui proposant une rencontre et si elle accepterait que je lui tire son (food) portrait. Elle accepte, youpi ! Tout s'improvise un peu à la dernière minute, entre ses journées passées en famille au bassin d'Arcachon et son voyage au Portugal, elle m'accueille très gentiment chez elle. Et la première chose que je remarque chez Charlotte, avec ses grands yeux bleus et sa peau dorée, c'est sa beauté qui additionnée à sa timidité, en devient encore plus touchante. Elle m'ouvre les portes de son appartement bordelais où un ficus prend de la hauteur sous les plafonds, face à un luminaire en papier washi signé Noguchi transmis de mère en fille, qui lui-même repose à côté d'un tapis berbère artisanal contemporain, un des trésors que Charlotte et sa copine dégotent au Maroc. Ensemble, elles ont fondé la marque maison Menara qui propose de sublimes tapis kilim vintage ou boucherouite, tapis "à franges" tissés avec des chutes de tissus usés. Elles vendent également des pièces uniques qu'elles imaginent, puis fabriquées sur place grâce au savoir-faire marocain; des pochettes transformables en sacs en bandoulière très colorés, faits d'anciens tissus kilim chinés et de cuir local. Une marque qui met à l'honneur l'artisanat du Maroc (c'était tellement beau que j'en ai oublié de prendre des photos, excusez-moi). Charlotte, au sens du goût inné et un peu touche à tout, a pris des cours de céramique et a tournassé ces petites tasses à café très années 50 et modelé le cactus géant jusqu'à leur donner leur émail coloré. Je reste admirative devant ses créations.

Après l'aspect milk décoration de cette rencontre, passons au côté kinfolk, les arts de la table, avec son livre de cuisine dont l'esthétique me rappelle le célèbre magazine. Ce livre n'est pas à vendre mais il n'a pas de prix, c'est un hommage à la cuisine familiale, tout particulièrement à sa grand-mère d'origine alsacienne dont elle réalise les recettes précieusement conservées comme le fameux kougelhopf, la soupe à l'oignon ou encore les crêpes à l'orange. Son père est également un bon cuisinier qui lui a transmis le goût des bonnes choses, tout comme sa mère lui a transmis le goût des belles choses.


J'ai rencontré Charlotte, il y a presque deux mois et sa recette est toujours d'actualité par cet été indien, avec une salade fraîche de tagliatelles de courgettes. Very healthy and very tasty, comme beaucoup des recettes de son blog où les mots « sain » et « équilibre » sont pourtant absents, ses recettes sont « instinctivement » bonnes au goût et bonnes pour la santé. Cette salade qui a du mordant, revient régulièrement sur la table de Charlotte (pourtant la recette est inédite!) avec milles variantes possibles. Ce jour là, Charlotte a une jolie surprise chez son primeur avec des petites courgettes jaunes à côté des vertes, pour encore plus de couleurs et de vitamines. Puis petit tour chez le crémier, pour une savoureuse feta. Charlotte est proche des ingrédients qu'elle utilise, son huile d'olive par exemple est produite par sa belle famille en Corse. Mmmh avec tout ça, ça sent bon la Méditerranée et n'oublions pas le basilic pour encore plus de soleil dans l'assiette. On a de quoi prolonger l'été durant ce mois de rentrée.

Salade fraîche de tagliatelles de courgettes (pour 2 personnes)

- 3 petites courgettes (2 jaunes et 1 verte)
- 1 demi oignon rouge
- une belle poignée de basilic
- le jus d'un citron
- 2 cuillères à soupe d'huile d'olive
- un demi bloc de feta
- une poignée de graines de tournesol torréfiées
- sel de Guérande, poivre au moulin et une pincée de piment d'Espelette

Dans un saladier, verser l'huile d'olive et le jus d'un citron fraîchement pressé. Saler, poiver et pimenter d'Espelette. Ajouter l'oignon rouge finement haché. À l'aide d'un économe, faire des tagliatelles de courgettes dans la longueur et lorsqu'il ne reste plus que les pépins, garder le reste de courgette pour un wok ou une soupe. Les ajouter dans le saladier ainsi que la féta coupée en petits morceaux. Ciseler le basilic par dessus le tout, bien mélanger et laisser les saveurs s'imprégner, les tagliatelles s'attendrir légèrement pendant 30 minutes au réfrigérateur. Pendant ce temps, torréfier les graines de tournesol dans une poêle. Les ajouter, bien remuer, servir, savourer.

Variantes: Cette salade est déclinable à l'infini en fonction de votre appétit et de vos fonds de placard. Charlotte propose de rajouter de la graine de couscous ou des lentilles pour plus de consistance, de remplacer les grains de tournesol par des pignons de pins ou la féta par de la mozzarella.

Cette recette savoureuse est juste parfaite pour faire manger et apprécier des courgettes (crues!) (et jaunes!) à n'importe quel enfant, petit ou grand, qui fait la grimace rien qu'en entendant « légume vert ». D'ailleurs si vous n'avez pas encore cliqué, je vous invite grandement à visiter le blog The Fox and The Knife rempli de recettes qui donnent toutes plus envie les unes que les autres. Internet nous permet de s'informer, de voyager, de s'inspirer, de se détendre, de s'émerveiller, de réfléchir, et puis parfois comme là avec Charlotte de faire de très jolies rencontres. Je suis un peu gênée de mes photos qui à vrai dire ne sont pas du tout à la hauteur de la réalité, j'espère que vous pourrez tout de même découvrir un peu plus Charlotte et son univers qui correspondent tout à fait à son blog. Et il n'y avait même pas une pièce avec tout un bazar caché, non, non, tout était réellement parfait. Un grand merci à Charlotte pour tout. J'ai hâte de vous présenter de nouvelles personnes qui fabriquent des merveilles avec leurs petites mains.





Ma rencontre avec Kumiko Kimbara Asti sur l'île de Bornholm, au milieu de la mer Baltique, est la transition parfaite entre mon voyage au Japon et cette aventure scandinave. Kumiko est née et a grandi à Nagoya, métropole japonaise, puis elle rencontre l'amour de sa vie au Danemark et s'installe sur cette petite et rurale île de 40000 habitants. Deux mondes différents sur une même planète. C'est paradoxalement en terre danoise, loin de son pays natal, qu'elle se découvre un don pour la poterie. Lors de ma visite à la manufacture Hjorths qui est également le musée de la céramique, j'ai découvert ses petits bébés, ses animaux en argile et ses autres œuvres d'art géométriques et organiques, belles et intemporelles, avant même de rencontrer leur créatrice. D'ailleurs, les kanji composants son prénom signifient beauté et éternité et Kumiko qu'est ce qu'elle est jolie avec son visage à la fois doux et fort, toujours très expressif, une beauté qui semble ne jamais faner. Mais reprenons depuis le début, un jour après l'exposition, j'ai rendez-vous avec l'artiste pour connaître les secrets de sa fameuse tarte à la rhubarbe. Et dès l'instant où, radieuse, elle m'ouvre la porte de son univers, je tombe amoureuse. Kumiko Kimbara Asti, son mari Maic Asti, artiste touche-à-tout talentueux et déjanté, leur fille Nanako, passionnée de pop culture japonaise, vivent dans une maison d'époque décorée, habitée, par leurs œuvres, parfois terreuses, tantôt cyniques, toujours humbles, puissantes et vraies. Collectionneurs et chasseurs de trésors, leur chez-eux me donne le vertige, mes yeux ne savent plus où se poser, entre trophées de chasse revisités au second degré, mobilier chiné, dessins à l'encre de Chine, collages ironiques et érotiques, sculptures phalliques et bien sûr quelques sublimes céramiques. On continue la visite avec leur galerie, les présentoirs sont très épurés mais c'est pour la bonne cause, Kumiko a vendu beaucoup de ses créations ces derniers temps. Chaque poterie est unique, de l'inspiration à la conception, la céramiste travaille chaque objet à la main et jamais deux fois le même modèle. Il reste tout de même une très belle collection de chawan, bol utilisé lors de la cérémonie du thé, et quelques pièces plus imposantes. L'artiste est inspirée par l'architecture, la géométrie, les formes comme la juxtaposition des livres sur une étagère ou bien par les vagues, le jeu d'ombre et lumière sur l'océan, un croisement entre les pattes des oiseaux et momiji les feuilles d'érable passant du vert aux tons chauds. Kumiko est définitivement une fille d'automne, ses œuvres terreuses et mélancoliques en ont la même couleur. Mais revenons au sujet de ma visite la tarte à la rhubarbe, celle qui ravira à coup sûr tous les gourmands, et comme le courant passe très bien je finis par rester quelques jours, on cuisine à deux et vous avez donc le droit à quelques recettes supplémentaires, toutes tournant autour des céréales, que l'on retrouve partout au Danemark, que ce soit dans les champs ou dans l'assiette.




Après avoir beaucoup papoté, on se met finalement à la popote, l'heure se fait tardive et on commence le dîner avec du sucré. La rhubarbe ne pousse pas au Japon, Kumiko l'a donc découvert ici et se l'est très bien appropriée, avec sa délicieuse tarte, fondante et croustillante, acide et sucrée. 

Rabarber taerte ou tarte à la rhubarbe

- 4 ou 5 tiges de rhubarbe
- 2 pommes 
- quelques fraises (facultatif)
- une gousse de vanille
- cannelle
- 90 grammes de noix de coco râpée
- deux pincées de levure pâtissière
- 30 grammes de flocons d'avoine
- 50 grammes de farine de blé
- 130 grammes de sucre
- 150 grammes de beurre
- 1 œuf

La rhubarbe est la tête d'affiche, de la pomme apportera du croquant et quelques fraises donneront une note sucrée pour contrebalancer l'acidité. Commençons par couper les fruits en dés, mélangeons les avec la vanille et un tout petit peu de sucre. Faisons fondre le beurre au bain marie. Pendant ce temps, mélangeons farine, coco râpée, flocons d'avoine et levure pâtissière. Fouettons le beurre fondu et le sucre doucement, cassons l'oeuf et battons un peu plus fort jusqu'à l'obtention d'un mélange clair et onctueux. Ajoutons petit à petit le mélange farine-coco-avoine, et remuons délicatement en aérant la pâte. Versons et étalons la moitié de la pâte dans le moule préalablement huilé et fariné, ajoutons les fruits puis recouvrons le tout avec le reste de la pâte. Enfournons la tarte 40 minutes à 175°C.

La tarte est à déguster tiède avec de la glace au yaourt pour une petite touche de fraicheur. Kumiko a mélangé du yaourt, de la crème fraiche, un peu de sucre de glace et hop direction le congélateur, rien de plus simple. Mon hôte a rajouté quelques jeunes pousses de basilic dans mon assiette juste pour la déco et qu'est ce qu'elle a ri quand elle m'a vu les engloutir avec la glace. Surprise, je trouve que la fraicheur verte du basilic se marie parfaitement avec la glace au yaourt.




Kumiko a toujours mangé du pain accompagné de thé au petit-déjeuner, ce qui n'était pas du tout courant au Japon. Son pain ne ressemble en rien à tous ceux que j'ai pu goûté et ça n'en est pas moins le meilleur du pays pour moi. Large et plat, moelleux et croustillant, ni blanc ni complet, il est exactement au goût de Nanako pour ses obento. D'ailleurs, c'est en se trompant sur les quantités d'une recette réalisée à l'école qu'elle en change la texture et le goût, comme quoi les erreurs donnent parfois de jolies surprises. Sa maman s'inspire donc de cette pâte pour faire son propre pain qui change légèrement tous les jours, en fonction de ses envies, aucune quantité n'est pesée, tout est dosé au feeling. D'ailleurs, Maic me confiera plus tard que lorsqu'il a rencontré Kumiko, elle rêvait d'être boulangère. Trouver les bons ingrédients, la recette, pétrir la pâte, la façonner, lui donner forme, la cuire au four, finalement ce n'est pas si éloigné du métier de céramiste.

Levain :

Jour 1 , le matin: Mélanger 100 grammes de farine complète + 1 ml d'eau. Couvrir avec un torchon humide. Conserver à température ambiante. Au fur et à mesure que le temps passe, le mélange gonfle, des bulles se forment, le levain prend vie.
Jour 4 , le matin: Ajouter 100 grammes de farine complète + 1 ml d'eau. Mélanger et couvrir.
Jour 5 : Enlever la moitié de la pâte (donnons-la, partageons ces bonnes bactéries, cela évite à la personne receveuse de commencer le processus de fermentation depuis le début). Ajouter 100 grammes de farine complète + 1 ml d'eau. Mélanger et couvrir.
Jour 6 : le levain est prêt ! Conserver le levain au frais.

Tous les 5 jours, retirer la moitié du mélange, et ajouter 100 grammes de farine complète + 1 ml d'eau.

Ensuite, attendre minimum 6 heures avant d'utiliser le levain.

Pain de Nanako :

- 300 ml d'eau froide
- 3 cuillère à café de levain (recette ci-dessus)
- 3 pincées de levure boulangère
- 2 ou 3 tasses de farine de blé blanche
- 1 tasse de farine d'épeautre
- 1 tasse de mélange de graines (tournessol, seigle, sésame...)
- 1/2 tasse graines de lin
- 1 tasse de graines de citrouille
- 4 cuillères à soupe d'huile d'olive
- 3 cuillères à café de sel marin

Fouettons la levure boulangère et l'eau froide. Ajoutons le levain et mélangeons le tout avec les crochets d'un batteur électrique. Ajoutons la farine d'épeautre, le mélange de graines, une demi-tasse de farine blanche, l'huile d'olive, le sel. Mélangeons au fur et à mesure, entre chaque ingrédient ajouté. Ajoutons une demi-tasse de farine blanche, mélangeons, et ajoutons de la farine petit à petit en mélangeant, jusqu'à obtenir la texture voulue, ni trop épaisse, ni trop liquide. Ajoutons de la farine si besoin. Mélangeons à la spatule, doucement, en aérant bien la pâte. Versons la pâte dans un moule de bonne qualité (ici le moule et très large et peu profond) recouvert de papier sulfurisé. Laissons le tout reposer pendant 6 heures. Parsemons de graines, pour le beau et le bon. Enfournons à 225°C (sans préchauffage) et surveillons la cuisson régulièrement. Démoulons et laisser refroidir sur un grill. Un petit coup de toasteur avant de le déguster, pourquoi pas avec une fine tranche de fromage doux (de l'emmental par exemple) et un peu de confiture à la fraise ou aux myrtilles pour un petit déjeuner à la danoise.


En parlant de petit déjeuner, le muesli est toujours présent sur les tables scandinaves, accompagné de yaourt liquide et de fruits frais. Kumiko ne se contente pas d'acheter l'ennuyant mélange blanchâtre et mou sous la dent du supermarché, il est bien meilleur quand il est doré à feu doux avec bon coeur.

Exotique muesli

- flocons d'avoine entiers
- amandes légèrement concassées
- graines de citrouille
- graines de tournesol
- sucre de coco
- noix de coco râpée
- graines de sésame entières
- raisins secs
- cranberries

Cette recette est adaptable en fonction des goûts de chacun et de ce qu'on a sous la main. Pas besoin de peser les ingrédients, les flocons d'avoine représentent au moins la moitié du granola. Dans un grand wok, dorons les flocons d'avoine à feu doux, en mélangeant de temps en temps. Faisons un trou et ajoutons les amandes (toujours faire un trou au milieu du wok lorsqu'on ajoute un nouvel aliment), ensuite vient le tour des graines de citrouille et de tournesol. Mélangeons toujours régulièrement pour faire dorer uniformément ces graines et céréales. Après avoir diminué le feu au minimum, ajoutons la noix coco râpée puis le sésame qui naturellement gras, ont tendance à vite chauffer et griller, ce n'est pas le moment d'oublier de mélanger. Ensuite, ajoutons un peu de sucre de coco et doucement deux ou trois cuillères à soupe d'eau pour caraméliser le tout. Ne cessons pas de remuer même après avoir éteint le feu car le wok reste chaud assez longtemps. C'est prêt lorsque le muesli est croustillant et légèrement doré. Laissons refroidir, ajoutons les raisins secs et les cranberries séchées. Il reste succulent jusqu'à deux ou trois semaines dans un joli bocal en verre. 

Voilà, vous savez tout de ces petits délices riches en céréales parfaits pour rester au chaud à cuisiner pendant cet automne. J'espère que cet article vous a plu, rencontrer la solaire Kumiko, sa famille, ses amis et leurs créations m'a particulièrement touché. Si vous visitez la tout aussi lumineuse île de Bornholm, n'hésitez pas à passer à la galerie Asti, pour admirer leurs étranges petites beautés, vous serez très bien accueilli.

Pétrir la pâte avec Kumiko

dimanche 11 octobre 2015




Ma rencontre avec Kumiko Kimbara Asti sur l'île de Bornholm, au milieu de la mer Baltique, est la transition parfaite entre mon voyage au Japon et cette aventure scandinave. Kumiko est née et a grandi à Nagoya, métropole japonaise, puis elle rencontre l'amour de sa vie au Danemark et s'installe sur cette petite et rurale île de 40000 habitants. Deux mondes différents sur une même planète. C'est paradoxalement en terre danoise, loin de son pays natal, qu'elle se découvre un don pour la poterie. Lors de ma visite à la manufacture Hjorths qui est également le musée de la céramique, j'ai découvert ses petits bébés, ses animaux en argile et ses autres œuvres d'art géométriques et organiques, belles et intemporelles, avant même de rencontrer leur créatrice. D'ailleurs, les kanji composants son prénom signifient beauté et éternité et Kumiko qu'est ce qu'elle est jolie avec son visage à la fois doux et fort, toujours très expressif, une beauté qui semble ne jamais faner. Mais reprenons depuis le début, un jour après l'exposition, j'ai rendez-vous avec l'artiste pour connaître les secrets de sa fameuse tarte à la rhubarbe. Et dès l'instant où, radieuse, elle m'ouvre la porte de son univers, je tombe amoureuse. Kumiko Kimbara Asti, son mari Maic Asti, artiste touche-à-tout talentueux et déjanté, leur fille Nanako, passionnée de pop culture japonaise, vivent dans une maison d'époque décorée, habitée, par leurs œuvres, parfois terreuses, tantôt cyniques, toujours humbles, puissantes et vraies. Collectionneurs et chasseurs de trésors, leur chez-eux me donne le vertige, mes yeux ne savent plus où se poser, entre trophées de chasse revisités au second degré, mobilier chiné, dessins à l'encre de Chine, collages ironiques et érotiques, sculptures phalliques et bien sûr quelques sublimes céramiques. On continue la visite avec leur galerie, les présentoirs sont très épurés mais c'est pour la bonne cause, Kumiko a vendu beaucoup de ses créations ces derniers temps. Chaque poterie est unique, de l'inspiration à la conception, la céramiste travaille chaque objet à la main et jamais deux fois le même modèle. Il reste tout de même une très belle collection de chawan, bol utilisé lors de la cérémonie du thé, et quelques pièces plus imposantes. L'artiste est inspirée par l'architecture, la géométrie, les formes comme la juxtaposition des livres sur une étagère ou bien par les vagues, le jeu d'ombre et lumière sur l'océan, un croisement entre les pattes des oiseaux et momiji les feuilles d'érable passant du vert aux tons chauds. Kumiko est définitivement une fille d'automne, ses œuvres terreuses et mélancoliques en ont la même couleur. Mais revenons au sujet de ma visite la tarte à la rhubarbe, celle qui ravira à coup sûr tous les gourmands, et comme le courant passe très bien je finis par rester quelques jours, on cuisine à deux et vous avez donc le droit à quelques recettes supplémentaires, toutes tournant autour des céréales, que l'on retrouve partout au Danemark, que ce soit dans les champs ou dans l'assiette.




Après avoir beaucoup papoté, on se met finalement à la popote, l'heure se fait tardive et on commence le dîner avec du sucré. La rhubarbe ne pousse pas au Japon, Kumiko l'a donc découvert ici et se l'est très bien appropriée, avec sa délicieuse tarte, fondante et croustillante, acide et sucrée. 

Rabarber taerte ou tarte à la rhubarbe

- 4 ou 5 tiges de rhubarbe
- 2 pommes 
- quelques fraises (facultatif)
- une gousse de vanille
- cannelle
- 90 grammes de noix de coco râpée
- deux pincées de levure pâtissière
- 30 grammes de flocons d'avoine
- 50 grammes de farine de blé
- 130 grammes de sucre
- 150 grammes de beurre
- 1 œuf

La rhubarbe est la tête d'affiche, de la pomme apportera du croquant et quelques fraises donneront une note sucrée pour contrebalancer l'acidité. Commençons par couper les fruits en dés, mélangeons les avec la vanille et un tout petit peu de sucre. Faisons fondre le beurre au bain marie. Pendant ce temps, mélangeons farine, coco râpée, flocons d'avoine et levure pâtissière. Fouettons le beurre fondu et le sucre doucement, cassons l'oeuf et battons un peu plus fort jusqu'à l'obtention d'un mélange clair et onctueux. Ajoutons petit à petit le mélange farine-coco-avoine, et remuons délicatement en aérant la pâte. Versons et étalons la moitié de la pâte dans le moule préalablement huilé et fariné, ajoutons les fruits puis recouvrons le tout avec le reste de la pâte. Enfournons la tarte 40 minutes à 175°C.

La tarte est à déguster tiède avec de la glace au yaourt pour une petite touche de fraicheur. Kumiko a mélangé du yaourt, de la crème fraiche, un peu de sucre de glace et hop direction le congélateur, rien de plus simple. Mon hôte a rajouté quelques jeunes pousses de basilic dans mon assiette juste pour la déco et qu'est ce qu'elle a ri quand elle m'a vu les engloutir avec la glace. Surprise, je trouve que la fraicheur verte du basilic se marie parfaitement avec la glace au yaourt.




Kumiko a toujours mangé du pain accompagné de thé au petit-déjeuner, ce qui n'était pas du tout courant au Japon. Son pain ne ressemble en rien à tous ceux que j'ai pu goûté et ça n'en est pas moins le meilleur du pays pour moi. Large et plat, moelleux et croustillant, ni blanc ni complet, il est exactement au goût de Nanako pour ses obento. D'ailleurs, c'est en se trompant sur les quantités d'une recette réalisée à l'école qu'elle en change la texture et le goût, comme quoi les erreurs donnent parfois de jolies surprises. Sa maman s'inspire donc de cette pâte pour faire son propre pain qui change légèrement tous les jours, en fonction de ses envies, aucune quantité n'est pesée, tout est dosé au feeling. D'ailleurs, Maic me confiera plus tard que lorsqu'il a rencontré Kumiko, elle rêvait d'être boulangère. Trouver les bons ingrédients, la recette, pétrir la pâte, la façonner, lui donner forme, la cuire au four, finalement ce n'est pas si éloigné du métier de céramiste.

Levain :

Jour 1 , le matin: Mélanger 100 grammes de farine complète + 1 ml d'eau. Couvrir avec un torchon humide. Conserver à température ambiante. Au fur et à mesure que le temps passe, le mélange gonfle, des bulles se forment, le levain prend vie.
Jour 4 , le matin: Ajouter 100 grammes de farine complète + 1 ml d'eau. Mélanger et couvrir.
Jour 5 : Enlever la moitié de la pâte (donnons-la, partageons ces bonnes bactéries, cela évite à la personne receveuse de commencer le processus de fermentation depuis le début). Ajouter 100 grammes de farine complète + 1 ml d'eau. Mélanger et couvrir.
Jour 6 : le levain est prêt ! Conserver le levain au frais.

Tous les 5 jours, retirer la moitié du mélange, et ajouter 100 grammes de farine complète + 1 ml d'eau.

Ensuite, attendre minimum 6 heures avant d'utiliser le levain.

Pain de Nanako :

- 300 ml d'eau froide
- 3 cuillère à café de levain (recette ci-dessus)
- 3 pincées de levure boulangère
- 2 ou 3 tasses de farine de blé blanche
- 1 tasse de farine d'épeautre
- 1 tasse de mélange de graines (tournessol, seigle, sésame...)
- 1/2 tasse graines de lin
- 1 tasse de graines de citrouille
- 4 cuillères à soupe d'huile d'olive
- 3 cuillères à café de sel marin

Fouettons la levure boulangère et l'eau froide. Ajoutons le levain et mélangeons le tout avec les crochets d'un batteur électrique. Ajoutons la farine d'épeautre, le mélange de graines, une demi-tasse de farine blanche, l'huile d'olive, le sel. Mélangeons au fur et à mesure, entre chaque ingrédient ajouté. Ajoutons une demi-tasse de farine blanche, mélangeons, et ajoutons de la farine petit à petit en mélangeant, jusqu'à obtenir la texture voulue, ni trop épaisse, ni trop liquide. Ajoutons de la farine si besoin. Mélangeons à la spatule, doucement, en aérant bien la pâte. Versons la pâte dans un moule de bonne qualité (ici le moule et très large et peu profond) recouvert de papier sulfurisé. Laissons le tout reposer pendant 6 heures. Parsemons de graines, pour le beau et le bon. Enfournons à 225°C (sans préchauffage) et surveillons la cuisson régulièrement. Démoulons et laisser refroidir sur un grill. Un petit coup de toasteur avant de le déguster, pourquoi pas avec une fine tranche de fromage doux (de l'emmental par exemple) et un peu de confiture à la fraise ou aux myrtilles pour un petit déjeuner à la danoise.


En parlant de petit déjeuner, le muesli est toujours présent sur les tables scandinaves, accompagné de yaourt liquide et de fruits frais. Kumiko ne se contente pas d'acheter l'ennuyant mélange blanchâtre et mou sous la dent du supermarché, il est bien meilleur quand il est doré à feu doux avec bon coeur.

Exotique muesli

- flocons d'avoine entiers
- amandes légèrement concassées
- graines de citrouille
- graines de tournesol
- sucre de coco
- noix de coco râpée
- graines de sésame entières
- raisins secs
- cranberries

Cette recette est adaptable en fonction des goûts de chacun et de ce qu'on a sous la main. Pas besoin de peser les ingrédients, les flocons d'avoine représentent au moins la moitié du granola. Dans un grand wok, dorons les flocons d'avoine à feu doux, en mélangeant de temps en temps. Faisons un trou et ajoutons les amandes (toujours faire un trou au milieu du wok lorsqu'on ajoute un nouvel aliment), ensuite vient le tour des graines de citrouille et de tournesol. Mélangeons toujours régulièrement pour faire dorer uniformément ces graines et céréales. Après avoir diminué le feu au minimum, ajoutons la noix coco râpée puis le sésame qui naturellement gras, ont tendance à vite chauffer et griller, ce n'est pas le moment d'oublier de mélanger. Ensuite, ajoutons un peu de sucre de coco et doucement deux ou trois cuillères à soupe d'eau pour caraméliser le tout. Ne cessons pas de remuer même après avoir éteint le feu car le wok reste chaud assez longtemps. C'est prêt lorsque le muesli est croustillant et légèrement doré. Laissons refroidir, ajoutons les raisins secs et les cranberries séchées. Il reste succulent jusqu'à deux ou trois semaines dans un joli bocal en verre. 

Voilà, vous savez tout de ces petits délices riches en céréales parfaits pour rester au chaud à cuisiner pendant cet automne. J'espère que cet article vous a plu, rencontrer la solaire Kumiko, sa famille, ses amis et leurs créations m'a particulièrement touché. Si vous visitez la tout aussi lumineuse île de Bornholm, n'hésitez pas à passer à la galerie Asti, pour admirer leurs étranges petites beautés, vous serez très bien accueilli.

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